j'ai mal à ton coeur
toi jeune femme
qui vit dans la peur
là où le bruit
résonne de la gueule des canons
de celle des fusils
tu protèges tes enfants
pendant que ton mari
défend le village
réfugié dans le maquis
où il tente de repousser les soldats
sous le sifflement des balles
celles des frères ennemis
dans une guerre stupide
fratricide
qui tout détruit
pour un bout de frontière
pour un pont
pour un lopin de terre
au nom de la religion
mon amie ma soeur
je meurs de ta souffrance
j'ai mal à tes yeux
qui ont vu les militaires
hisser leur drapeau
arrogants et fiers
au mat de la mairie
qui ont ramené enchaînés
ton amour ton mari
et ses compagnons
humiliés et amaigris
puis devant ton regard horrifié
sans procès
sans compassion
ils les ont fusillés
ont pris leurs biens
incendié leurs maisons
au son du tocsin
ils ont en ignorant la pitié
égorgé tes enfants
ceux des autres aussi
malgré les insupportables cris
mon amie ma soeur
je meurs de ta souffrance
j'ai mal à ton sexe
quand ils t'ont dévêtue
comme toutes les autres femmes
quel que soit leur âge
fillettes ou vieillardes
ils les ont mises nues
puis vous jetant par terre
ils vous ont violées
à plusieurs reprises
pour vous ensemencer
d'une descendance pure
celle de leur race
leur progéniture
celle des rapaces
puis ils sont partis
leur travail terminé
vers un autre village
laissant les survivants
errer ici et là désespérés
comme des morts vivants
mon amie ma soeur
je meurs de ta souffrance