Le jour se lève sur le port.
Des volutes de brume tourbillonnent
Au-dessus des quais encore déserts.
Emmitouflée dans un manteau sombre,
Une silhouette fragile longe la rade.
A sa démarche hésitante, je devine une femme.
Un instant, le brouillard se fait plus dense,
La silhouette se recroqueville et frissonne ;
Elle semble se replier sous les assauts sonores
Et monotones de la corne de brume.
Son nez frémit aux fortes senteurs :
Odeur de sel déposé par la mer,
Odeur de poisson s'exhalant des bateaux amarrés,
Odeur des arbres exacerbé par l'humidité.
Qui donc est cette femme, seule, sur ce quai,
Qui observe, le regard émerveillé,
Le spectacle calme et serein
D'une aurore glaciale sur le port ?
En elle, je reconnais la citadine,
Lasse d'une vie étouffante et morose,
Qui en quelques instants, s'imprègne
De lumière matinale et d'air pur
Pour ne plus l'oublier.
Le jour se lève sur le port.
Un timide rayon de soleil vient éclairer
La frêle silhouette qui redresse la tête
Et paraît se rassasier de cette nourriture solaire.
Le jour s'est levé sur le port.
La silhouette fragile n'y a pas survécu ...
Ma rêverie solitaire et matinale, non plus.