Le temps n'est qu'une suite de fait
Des gestes, paroles plus dures que des lames
Des pensées que rien ne peut consoler
Des regards qui pénètrent l'âme
Passer la nuit les yeux ouverts
A prier pour que les choses s'arrangent
Puis fermer les paupières
Laisser faire les anges
Rêver de chutes éternelles
Débris de futur tourmenté
Par les cris qui s'emmêlent
Et les peurs outragées
S'éveiller sans repère
L'esprit morose et le cour lourd
Se faire ignorer pour se taire
Rester seul, toujours
Vivre par les souvenirs passés
Puis se sentir à part
Délaissé sans regret
Confié au gré du hasard
Subir les confusions, la violence
Nourries d'injures et de coups
La colère puis ce maudit silence
Redouté plus que tout
Le besoin de déchirer, de mordre
Déverser la haine tout autour de soi
L'envie d'écraser tous les ordres
De pleurer pour une fois
Estimer le délire
Pour perdre le contrôle
Puis finalement se retenir
A la douce pensée qui frôle
Essayer de se calmer
D'enterrer les paroles impures
Tomber puis se relever
En dépit des blessures
Tenter de sourire à soi-même
De se créer le bonheur
Chercher l'innocence blême
Apaisant le doute, la douleur
Puis vivre dans l'absence
Avant le retour des ennuis
Comprendre ce qui n'a pas de sens
Et accepter l'incompris
Vouloir briser ses chaînes
Ecarter d'un coup les barreaux
Sauter les barrières sans peine
Renaître à nouveau
Devenir pourtant moins fort
Et demeurer victime de l'injustice
Pour voir au-delà de la mort
Supporter les sacrifices
Attendre que le jour s'achève
Dans des heures qui hantent
Prier pour que la nuit soit brève
Rêver d'être transparent
Telle est ma vie depuis deux mois
On peut la comparer à un long tunnel
A unique sens et ultime bonne voie
Où personne ne répond à l'appel
Devant moi la lumière
Qui jaillit au loin à travers cette prison
Je tends les mains vers l'éphémère
Je marche à reculons.